Brulant Souvenir
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Je me sers de la mélancolie pour me hisser dans la spirale de Frankétienne, dans les treize nouvelles vodous de Gary Victor pour tremper le bec de ma plume dans cette marre d’encre de la culture d’écriture en Haïti qui se dessèche. J’aime faire de longues phrases dans mes écrits, je sème la paresse et le découragement me poursuivant en filigrane, mes analyses automatiques sont devenues un regard pathologique comme un philanthrope qui se trouve dans un gang de meurtrier. Quelle ironie ! Gymnastique littéraire. Nous revoilà de nouveau devant cette mélancolie qui s’incarne dans chaque secousse du 12 janvier 2010. Il y a cette sensibilité, cette sensation, et cette vibration qui choquent la moindre prise de contact avec l’odeur du sol et les souvenirs. Une énergie de martyre, une subtilité de chaque perte, chaque atome de vie qui s’échappe de chaque corps pour graver derrière eux un silence épicé.
Je me cris halte ! Je m’asphyxie en me plongeant dans l’immensité de cette tristesse, ma muse ; la mélancolie. Tachés de sang, mes yeux fixent l’éclair de nos dirigeants, qui, se tiennent au-dessus de nous, pied au-dessus de nos cous. « Lorsqu’on a son pied sur la gorge d’un lion soit on le tue ou se fait tuer». Parole de sagesse. Je ne prêche pas la violence. Répliquer est de notre instinct de survie, et il faut agir lorsqu’on a faim. Armons-nous de l’énergie de chaque petit garçon mort, de chaque père enfoui sous des tonnes de béton, de chaque maman arbre dépouillée de ses branches enfants, de chaque maison bâtie sur de lourds sacrifices et de conviction qui s’est retrouvée à néant. Et remplissez vos poumons d’air pour faire d’Eole votre petit déjeuner afin de hurler comme le vent en faisant un ouragan, un vacarme pour dire non, Haïti ne succombera pas et pour trouver des réponses qui correspondront à chaque séquence de ce jour qui fut si noir par le passé et brandir nos banderoles pour demander quelles sont les nouvelles mesures prises ? Quel plan a-t-on pour anticiper de nos jours les pertes lourdes de ces genres de catastrophes ? Pour clôturer ce jour qui fut amer, pliez vos genoux et accordez une minute de silence envers toutes les victimes.
J’aime ce pays, je l’aime au moins autant si ce n’est plus que chacun d’entre vous, et je ne vous permets pas d’en douter.
Arthur Pierre, Le Loup Solitaire
*Caractère de la Photo : Handerson Saint Jean
Beau texte bro
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