RĂ©sonnanceđŸ‘„



Elle dit qu’elle veut ĂȘtre libre.

Qu’elle en a assez des rĂŽles, des devoirs, des attentes plaquĂ©es sur sa peau comme des post-it invisibles.

Elle dit qu’elle ne veut pas dĂ©pendre, qu’elle veut construire seule, marcher droite, vivre debout.

Et on la croit.

Mais parfois, sans mĂȘme s’en rendre compte,

elle espĂšre qu’on la regarde diffĂ©remment juste parce qu’elle est femme.

Elle ne le dira pas Ă  voix haute, non.

Mais elle lÚve le menton avec une élégance pleine de stratégie.

Elle sait que sa fĂ©minitĂ© est une carte. Et elle la joue, mĂȘme quand elle croit avoir quittĂ© la table.

Elle fait des choix, bien sûr.

Mais elle attend qu’on la mĂ©rite.

Elle veut qu’on paie, qu’on insiste, qu’on prouve.

Elle veut l’Ă©galitĂ©… mais dans l’Ă©quilibre, elle prĂ©fĂšre parfois pencher du cĂŽtĂ© du confort.

Ce n’est pas de la paresse.

C’est l’Ă©cho.

Un murmure hérité des générations :

« Tu es prĂ©cieuse. On doit prendre soin de toi. »

Et mĂȘme quand elle rejette ce discours, elle le rĂ©cite parfois sans le savoir,

dans la façon dont elle s’attend Ă  ĂȘtre invitĂ©e, protĂ©gĂ©e, valorisĂ©e.

Elle veut ĂȘtre forte, mais qu'on lui laisse quand mĂȘme la douceur.

Elle veut le pouvoir, mais qu’on continue de lui faire des faveurs.

Ce n’est pas une contradiction.

C’est le rĂ©sidu.


Lui aussi dit qu’il veut changer.

Qu’il ne veut pas ĂȘtre comme ceux d’avant. Qu’il a lu. ÉcoutĂ©. Appris.

Il parle d’Ă©galitĂ©, il accepte la colĂšre, il baisse la voix quand elle monte la sienne.

Mais parfois, dans ses gestes les plus tendres,

il y a un besoin de contrĂŽler qui revient comme une fiĂšvre.

Il ne veut pas dominer. Mais il veut diriger.

Il ne veut pas possĂ©der. Mais il veut ĂȘtre indispensable.

Il ne veut pas l’enfermer. Mais il veut ĂȘtre celui Ă  qui elle revient toujours.

Il applaudit son indépendance, mais il préfÚre quand elle a besoin de lui.

Il se dit fĂ©ministe, mais il voudrait qu’elle reconnaisse sa virilitĂ©

pas celle des muscles,

celle de l’axe, du socle, de celui qui assure.

Et parfois, quand elle décide trop vite, trop fort, trop haut,

il se sent inutile, écarté. Il se crispe. Il doute. Il revient à ses réflexes.

Il n’est pas un tyran. Il veut bien faire.

Mais il y a en lui un vieux roi sans royaume,

qui se sent trahi quand il n’a plus Ă  protĂ©ger.

Ce n’est pas de la violence.

C’est le rĂ©sidu.


Le plus douloureux dans tout ça,

ce n’est pas qu’on soit imparfaits.

C’est qu’on cache nos contradictions derriĂšre des slogans,

derriĂšre des accusations,

derriĂšre des silences.

Elle traite l’homme de pervers quand il exprime ses prĂ©fĂ©rences,

mais elle, elle trie les siens selon leur pouvoir, leur aplomb, leur mystĂšre.

Il lui reproche ses attentes, mais rĂȘve qu’elle ne dĂ©pense jamais son argent Ă  lui.

Et ainsi, chacun dĂ©sire ce qu’il nie Ă  l’autre.

Alors qu’au fond…

ils ne sont pas en guerre.

Ils sont seulement humains.

Et chaque humain porte des restes.

Des gestes appris. Des réflexes enracinés. Des pensées non interrogées.

MĂȘme aprĂšs des annĂ©es de combat intĂ©rieur,

il reste toujours une ombre.

Pas pour nous écraser

mais pour nous rappeler qu’aimer, vraiment,

c’est aussi accueillir la part qu’on n’a pas encore guĂ©rie.


Arthur Pierre, Le Loup Solitaire

(509) 40908764 / 49317664

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